Le premier ministre français, Gabriel Attal, a décidé de suspendre la réforme de l’assurance chômage, bien contestée par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire en même temps.
Cette réforme visait à durcir les conditions d’accès aux indemnités et a été prévu à entrer en vigueur en décembre 2024.
Pourquoi alors ce revirement et quelles en sont les implications politiques ?
C’est ce qu’on va expliquer dans ce qui suit.

Le Gouvernement suspend la Réforme de l’Assurance Chômage.
Sommaire
Un Décret controversé suspendu
Un décret visant à réformer l’assurance chômage devait être mis en œuvre le 1ᵉʳ juillet 2024.
Ce texte, annoncé avant le 1ᵉʳ juillet pour une entrée en vigueur en décembre, prévoyait de durcir les règles d’indemnisation en exigeant de travailler davantage pour avoir droit aux allocations chômage.
Cependant, et après les résultats du premier tour des législatives, le Premier ministre a préféré suspendre cette réforme, critiquée aussi bien par le Rassemblement national que par l’union de la gauche.
Lors de son intervention au journal de TF1, Gabriel Attal a justifié cette suspension, affirmant que la publication du décret aurait été perçue comme « un passage en force ».
Durcissement des conditions d’indemnisation de l’Assurance Chômage
Comme on vous l’a indiqué, la réforme de l’assurance chômage devait être actée par un décret avant le 1er juillet.
Son objet prévoyait de faire passer la durée minimale travaillée de 6 mois sur 24 à 8 mois sur 20, et de réduire la durée d’indemnisation de 18 à 15 mois.
Le président Emmanuel Macron avait vigoureusement défendu cette réforme, la qualifiant d’« indispensable ».
Toutefois, en raison du contexte politique entre les deux tours, il a été décidé de suspendre la réforme, privilégiant un « décret de jointure » pour permettre des discussions entre les forces républicaines.
Selon l’entourage de Gabriel Attal, ce geste serait « le premier acte de Gabriel Attal dans l’esprit des futures majorités de projets et d’idées » évoquées dans son discours post-électoral.
Suspension temporaire jusqu’au 31 juillet
Le gouvernement n’abandonne pas la réforme, mais choisit de la suspendre temporairement pour laisser le temps à des discussions et des débats.
En effet, le délai est court, avec un décret de transition qui prend fin le 31 juillet.
À cet égard, Philippe Mouiller, président (LR) de la commission des affaires sociales, pense que cette décision est judicieuse. Pour lui, le calendrier était mal choisi après la dissolution et la réforme n’avait pas été suffisamment débattue.
À droite, cette approche est bien reçue, mais à gauche, les opinions diffèrent. La sénatrice PS Monique Lubin considère que c’est une tentative de faire passer par la discussion ce qui avait d’abord été imposé.
Main tendue à la gauche ?
Ce texte de réforme ne plaisait à personne, que ce soit au Rassemblement national ou au Nouveau Front populaire. Pour la sénatrice socialiste Monique Lubin, la suspension ressemble à une manœuvre électorale pour ne pas froisser les candidats de gauche et leurs électeurs.
Elle se souvient de la détermination du gouvernement à défendre cette réforme, ce qui, selon elle, montre un mépris pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Même si cette suspension arrive tardivement, elle y voit une tentative désespérée de calmer la colère.
Réactions divergentes au sein de la Macronie
Si ce geste est bien reçu à droite, il provoque des remous au sein de la majorité présidentielle.
D’ailleurs, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a exprimé ses réserves sur les concessions et les calculs politiques de circonstance. Pour lui, cette réforme est cruciale pour atteindre le plein emploi, relancer l’industrie française et maintenir le pays en tête des puissances économiques.
Le ministère du Travail avait estimé, sur les ondes de France Inter, que la réforme permettrait d’économiser 3,6 milliards d’euros pour l’UNEDIC, l’organisme chargé de l’assurance chômage.
Néanmoins, les syndicats restent farouchement opposés à cette réforme, la trouvant profondément irritante. Ils pourraient en débattre d’ici fin juillet, mais la situation politique est encore incertaine.